Au pays des Kiwis
La Nouvelle-Zélande c’est grand, très grand, et les temps de parcours sont très longs. Il m’était impossible de parcourir les deux iles, et même une en entier. J’ai donc concentré mon parcours sur le sud de l’île du sud, à la recherche des espaces les plus perdus et les plus éloignés du tourisme.
Evidemment pas question de rester sur les rares routes. Pour connaître les pistes et chemins autorisés, je ne peux que conseiller la Bible du 4×4 en Nouvelle-Zélande, le 4WD South de Marc Wilson, disponible sur www.4wdsouth.co.nz. Ce guide fournit toutes les pistes du pays, avec un niveau de détails et d’informations impressionnant. Les pistes sont notées par difficulté, à savoir de 1 à 5, le chiffre étant le nombre de véhicules devant participer au trajet. En clair les pistes de niveau 5 sont du franchissement extrême, et celles de niveau 1 sont accessibles aux 4×4 standards. Etant en solo, j’ai préparé un parcours empruntant principalement des pistes de niveau 2.
Le voyage
Se rendre en Nouvelle-Zélande se fait en moins de 30 heures au départ de Paris. Il faut tout de même survivre aux 14h30 de vol entre Dubaï et l’Australie, mais les longs courriers sont devenus tellement confortables que le temps passe tout seul. Arrivé en Nouvelle-Zélande, avec 12 heures de décalage horaire et autant de degrés en plus, il est temps de se rendre chez le loueur pour réceptionner le pick-up avec cellule.
Un rapide passage au supermarché du coin pour remplir le frigo, et c’est parti pour l’aventure. La cellule, c’est génial ! Les premiers bivouacs se font au bord des nombreux lacs des chaines de montagne Southern Alps. Par contre il faut faire attention, car les régions les plus touristiques interdisent purement et simplement le bivouac, et imposent de dormir dans des campings règlementés. Pas trop contraignant finalement, car il y a de très nombreux campings publics, dont le prix de la nuit varie entre 3 euros et … rien du tout. Il suffit de choisir ceux qui sont reculés et difficiles d’accès, pour se retrouver seul ou presque.
Le véhicule
Le pick-up est un Mitsubishi L200. L’ensemble consomme peu, j’ai fait en moyenne 13 L / 100 pendant tout le voyage, en étant 50% du temps en 4 roues motrices. La cellule est une intégrale, c’est-à-dire fixée directement sur le châssis. L’ensemble pèse 2,5 tonnes, ce qui n’est pas beaucoup en rapport à la taille de l’ensemble. Sur les gravel road, 4 roues motrices obligatoires si l’on veut tenir une vitesse élevée. Dès que les conditions deviennent plus techniques, la taille de la cellule devient handicapante. J’ai dû abandonner par deux fois à cause de la largeur, et dans les tous petits chemins j’ai été contraint de « poser » la cellule sur des arbres. Assez stressant, surtout quand on n’a jamais conduit un tel gabarit.
La Cellule
Première pour moi de voyager en cellule, et force est de constater que c’est le compromis idéal. Le confort est incomparable à celui d’une tente de toit. La cellule est en fibre de verre, d’un seul tenant, avec un toit relevable. Cette configuration permet de garder une dimension raisonnable pendant le trajet, et d’avoir une hauteur de près de 2m au bivouac. Avec un immense lit de 2mx2,20m, on ne se sent pas du tout à l’étroit, et malgré mon 1m90 je tiens debout sans problème dans la cabine.
Avec le recul de ce voyage, ce type de cabine intégrale « full size » est très adaptée à des grands espaces, des déserts, ou pour de très longs voyages. Par contre dans des contrées plus étroites et montagneuses, l’encombrement de la cellule devient un handicap, et le compromis d’une plus petite cellule offrirait plus de capacités de franchissement.
Les meilleurs moments
La Nouvelle-Zélande, c’est la diversité du continent américain sur la surface de l’Italie. Il est possible dans une même journée de se réveiller en haute montagne, de traverser une forêt tropicale, de déjeuner dans un désert typiquement islandais, et de finir sur une immense plage de sable face à l’océan. Et évidemment tout cela en ne croisant quasiment personne.
Parmi les endroits les plus marquants, le plus difficile aura été la montée à Macetown. Cette piste de niveau 2-3 commence par plusieurs panneaux rappelant sa difficulté et les risques encourus. Après 10 minutes d’hésitation, je me lance. Il faut commencer par remonter le lit d’une rivière sur 5 kilomètres. Pas bien méchant grâce au Schnorkel, mais stressant car il faut naviguer à vue, on ne sait pas trop où se trouve la piste. Ensuite c’est de la montée pure, pas bien large, sans visibilité et avec un beau ravin sur la gauche. Après avoir bataillé pendant 3 heures pour parcourir seulement 15 km, et avoir traversé une vingtaine de gué, le bivouac seul au monde, dans cette vallée perdue, a vite fait oublier les galères. Au passage le marchepied de la cellule a été arraché par une trop grosse pierre. Un peu de bricolage et une sangle me permettront d’en conserver l’usage, et j’espère ma caution.
Même si la Nouvelle Zélande offre des temps forts quasiment tout le temps, l’autre moment inoubliable pour moi fut la Duncan Road. Cette piste longue de près de 100 km serpente au milieu d’un paysage minéral, parsemé de petites collines, rappelant fortement les paysages islandais. Cet endroit a d’ailleurs été un des principaux lieux de tournage du Seigneur des Anneaux. Et en l’ayant parcouru par un temps légèrement brumeux, je m’attendais à chaque instant à voir apparaître des personnages de ce film. Cette piste fantastique se fini par une descente rapide sur l’océan, directement sur les grandes plages de sable fin de la côte est, face à l’infini.
A noter également la Nevis Valley Road, une piste de près de 100 km qui remonte une vallée oubliée, remplie de vestiges de la ruée vers l’or, y compris des hôtels et des gold dredge, exactement similaires à ceux que l’on peut découvrir en Alaska.
Kiwis et Maoris
Mais la Nouvelle-Zélande, ce n’est pas que des pistes et des paysages magnifiques, c’est aussi des habitants. Et pour cela, les contacts ont été assez limités car ayant choisi des pistes reculées, j’avais peu de chance de me retrouver au milieu de la foule. J’avoue d’ailleurs faire tout pour l’éviter. Les rencontres ont été assez intéressantes, car le néozélandais est plutôt timide de premier abord. Il faut venir à lui, se présenter, et là plus possible de s’en séparer ! Par contre lors des arrêts pour faire le plein, j’étais systématiquement accosté par des chasseurs ou des pêcheurs qui n’avaient jamais vu un pick-up avec cellule, et qui était très intéressé par ce type de monture encore inconnu dans ce pays. A noter qu’il faut différencier les Kiwis, d’origine européenne, des Maoris, les natifs de l’île, avec un physique que l’on connait tous à travers le rugby.
Repartir de Nouvelle-Zélande est l’épreuve la plus difficile, tant ce pays tend ses bras au voyageur, en lui offrant une diversité de paysages unique au monde, et un accueil tout en douceur.
La Nouvelle-Zélande pratique :
Téléphone portable : Le pays est très mal couvert, même sur les axes principaux. Il est possible d’acheter à l’aéroport des cartes Sim valables un mois qui permettent d’aller sur Internet partout où le réseau est présent. Pour ceux qui tenteront les pistes les plus techniques le téléphone satellite est indispensable.
Sécurité : En dehors des zones très touristiques et de leurs habituels voleurs à la tire, ce pays ne présente aucun risque.
Argent : La carte bancaire est utilisée partout, il n’est presque pas nécessaire de changer ses euros.
Hôtel ou Bivouac ? Il y a très peu d’hôtels dans ce pays. Les touristes sont d’ailleurs tous en vans aménagés ou en grands camping-car. Le camping est un art de vivre, un peu comme en Amérique du Nord. A part quelques endroits touristiques, il est possible de bivouaquer n’importe où.
Trajet : 30 heures de vol depuis Paris c’est long, mais avec le recul c’est bien moins long que d’aller avec son propre 4×4 au Maroc ou en Islande. Le prix du billet A/R est de 1.400 euros, dans un confort impeccable. Pas besoin de Visa, le passeport suffit.
Location de 4×4 : www.tuicampers.co.nz
Plus d’infos sur la tortue louée : www.talvor.com
Questions/Remarques : info@voyageshorspistes.com