Nome, Alaska – la pointe Ouest de l’Amérique
Nome. Drôle de nom pour la ville la plus à l’ouest du continent américain. Tellement à l’ouest qu’elle est plus proche de la voisine Russie que du Canada.
Et quand on dit ville, il faudrait plutôt parler d’un bourg coincé entre le détroit de Bering et les chaines de montagnes, typiquement américain avec sa Front Street, seule route goudronnée à 1.000 km à la ronde, et totalisant moins de 2 km de longueur.
Nome, c’est surtout un mirage, un appel du Grand Ouest qui a importé des milliers de migrants attirés par les sirènes de la ruée vers l’or. La ville fut fondée en 1898 par un norvégien et deux suédois, qui y découvrirent de l’or à même le sable de sa longue plage. L’effet fut immédiat et en moins de 20 ans Nome reçu 20.000 habitants, devenant ainsi la ville la plus peuplée d’Alaska.
Aujourd’hui, avec 3.500 âmes, Nome est redevenu un bourg vivant de la pèche mais également de la recherche aurifère, de façon sous-marine cette fois-ci. Accessible uniquement par avion, Nome ne dispose d’aucune route vers les villes principales de l’Alaska. Oubliez l’idée d’y venir en 4×4, ce sera par l’unique vol quotidien Anchorage-Nome, à moins que vous ne tentiez la traversée sur la glace du Détroit de Béring en période hivernale !
L’arrivée à l’aéroport de Nome est assez déroutante. L’aérogare dispose d’une seule et unique pièce et son parking est en terre. On est immédiatement dans l’ambiance !
Mais Nome, c’est surtout la seule ville perdue d’Alaska qui offre un petit réseau routier, permettant de partir à l’aventure. A c’est à travers 3 magnifiques pistes de 200 km chacune, partant au l’est, au nord et à l’ouest de la ville, au milieu de la toundra, que Nome offre de son fameux « Nome Road System ». Ce sont en fait trois anciennes pistes destinées à la recherche de l’or, mais qui sont toujours entretenues et qui permettent de relier des villes fantômes et quelques hameaux, habités soit par des chercheurs d’or, soit par des « Natifs » qui vivent séparément des américains.
Et pour parcourir ces pistes, pas d’agence de location, mais l’hôtel « Dredge 7 inn » propose à la location deux Jeep Wangler, avec des pneus adaptés.
Parcourir les pistes du « Nome Road System », c’est un minimum de préparation. Ces pistes sont sans issue, et il n’y a absolument aucun service sur toute leur longueur. Pas de danger particulier, par contre un minimum de vivre et un plein d’essence sont indispensables. A part celle qui va au nord, les autres ne sont pas utilisées, il ne faut donc pas s’attendre à croiser quelqu’un pour être dépanné. La petite Jeep ne fut d’ailleurs pas forcément un bon choix, car le moteur 4 L consomme à loisir. J’ai eu quelques sueurs froides quand le voyant « réserve » s’est allumé à 50km de Nome, en plein orage et évidemment sans couverture GSM.
Chacune des pistes à sa particularité, mais elles ont en commun des paysages infinis, un calme absolu, avec l’absence de toute vie humaine. Pas de difficulté technique majeure, les pistes sont très larges et bien entretenues. La vitesse y est limitée à 50 Miles à l’heure, mais l’absence totale de contrôle de vitesse fait qu’on peut laisser le moteur de la Jeep se faire plaisir. Le châssis court de cette Wrangler n’est pas forcément adapté à une telle avalanche de chevaux, et garder le cap sur une piste en terre à près de 100 km/h n’est pas évident.
Iditarod
La piste Est passe par le « Safety Roadhouse », un café aux allures de saloon, tenu par Jimmy, un alaskien pure souche, dont l’accent est tel que commander un simple café a été très compliqué ! Le roadhouse est recouvert de billets de Un Dollar signé par les consommateurs. C’est aussi le « Last checkpoint on the Iditarod ». Il s’agit de la fameuse course de chiens de traineaux, qui part de Anchorage pour finir au cœur de Nome.
Quelques dizaines de kilomètres plus loin, après avoir quitté l’océan pour entrer dans les terres, nous croisons « The Last Train to Nowhere ». Ce train à voie étroite fut abandonné en 1907. Il servait à l’époque à ramener l’or jusqu’à Nome. D’ailleurs en ouvrant les yeux on peut constater qu’il y a partout des restes de voie de chemin de fer, preuve de la fièvre de l’époque.
Après ce dernier stop, nous allons enchainer les passages de col, avec des paysages toujours sublimes, et en même temps inquiétant tellement l’immensité des lieux appuie ce sentiment d’être seul au monde. Nous croisons régulièrement des bâtiments en bois à la structure assez étonnante. Il s’agit de « Dredge », d’immenses bâtiments destinés à draguer le fond des rivières pour extraire le précieux métal. Etonnant de les voir en très bon état, malgré la centaine d’hivers qu’ils ont vécus. Nous ne nous aventurons pas à essayer d’entrer à l’intérieur, mais nous constatons que tout le mécanisme est encore en place.
La piste continue et nous croisons quelques hameaux abandonnés, ou parfois ayant l’air abandonnés. Un panneau solaire bien caché et une discrète antenne VHF prouvent qu’il y a de la vie, mais volontairement sans vouloir attirer l’œil. Les résidents sont tous des chercheurs d’or, et force est de constater que la méfiance est toujours là. Petite sensation de western ! Nous ne tentons pas de rencontrer les habitants, convaincus que le café sera remplacé par un colt. La piste se finit dans une rivière. Impossible de traverser, le courant et la profondeur sont trop importants. Dommage car de l’autre côté se trouve Council, un petit village de chercheurs d’or qui refuse toute visite extérieure !
Wyatt Earp
Le lendemain nous prendrons la piste nord, qui commence par un autre Safety RoadHouse, celui-ci ayant appartenu à Wyatt Earp en personne. En effet, le frère Earp est venu s’installer à Nome en 1897 avec sa femme Josie, et y ouvrit le « Dexter Saloon ». En seulement 4 ans, Wyatt gagna 80.000 $, qu’il investit ensuite en 1901 dans une mine dans le Nevada.
Cette piste est la plus solitaire des trois. En une journée, nous ne croiserons pas un seul humain. Par contre plusieurs troupeaux de Musk Ox, animal aux airs préhistoriques, mais qui vivent en toute liberté aux bords de l’océan. Nous rencontrerons également des troupeaux de caribous, qui sont en fait des élevages assurés par les indiens.
White Alice
Au retour du deuxième jour, nous montons par un chemin étroit jusqu’à l’emplacement de 4 radars White Alice géants, vestiges impressionnants de la guerre froide. En 1950, les Etats-Unis avaient constitué une chaine de radars tout le long du détroit de Bering, dans le but de surveiller toute velléité de la Russie voisine. Ils ont été abandonnés en 1970, leur efficacité étant discutable. Nome dispose d’un de ces nombreux complexes de surveillance, qui offre en plus un panorama à 360 degrés. Nous y sommes allés vers 22h, en profitant du soleil de minuit de ce mois de juillet. Les couleurs ocre typiques du cercle polaire mélangées à l’océan bleu foncé participent à l’ambiance inquiétante du lieu.
Indiens
Le troisième jour, nous prenons la piste nord-ouest qui relie Nome à un village de pécheurs, Teller. Encore une fois la piste s’étend sur près de 200 km, et nous n’y rencontrerons personne. Un stop agréable au Salmon Lake et son Campground, camping public équipé en tout et pour tout d’un emplacement et d’une table en bois ! Tranquillité et calme assurés.
Teller est assez typique, avec deux villages bien délimités, l’un peuplés d’américains, l’autre d’indiens. Le village américain fait pâle figure, les maisonnettes sont presque délabrées et les carcasses de pickup fleurissent dans les jardins. Côté indien, toutes les maisons sont identiques et en bon état. Il faut savoir que le gouvernement américain finance l’installation de ces maisons, offrant ainsi aux indiens de bonnes conditions de vie. D’ailleurs pour notre dernier soir à Nome, nous avons profité du soleil de minuit pour faire le tour des (quelques) bars de la ville. Il y a clairement des bars pour américains, et d’autres pour indiens. L’ambiance n’est pas vraiment la même, mais au final côté américain nous avons été accueilli avec des regards de méfiance (je pense que mon 1m90 pour 80 kilos doit leur donner l’impression que je suis malade, comparé à leur carrure de rugbyman géant), alors que côté indien nous avons été accueilli de façon plus neutre.
Au final Nome nous aura offert une version originale de la balade en 4×4, dans un monde assez hostile et assez froid, mais avec une histoire étonnante et une omniprésence de l’Or. C’est aussi un des rares endroits en Alaska où nous avons pu être en contact avec des indiens, dans une réelle authenticité de la vie actuelle des Natifs, et pas comme on le voit trop souvent en Amérique à travers des réserves à l’approche trop touristique.
L’équipement :
Le Dredge Inn fourni deux Jeep parfaitement préparées et en très bon état. Un autre hôtel de la ville loue également des Ford Explorer, par contre avec des pneus route, donc pas forcément l’idéal sur les pistes en terre et en gravier, surtout par temps de pluie.
Il est impératif de partir avec des vêtements chauds, des vêtements de pluie, et un peu de réserve de nourriture.
Les ours :
Toute l’Alaska est habitée par des ours, bruns et noirs dans le centre, blancs sur les côtes. Si ces derniers sont des carnivores, les ours bruns sont surtout herbivores. Pas de risque réel en cas de rencontre inopinée, cependant la bombe à poivre, ni nocive ni polluante, est une très bonne solution pour faire fuir le plantigrade. Près de Nome se baladent quelques ours bruns, qui viennent visiter les poubelles des habitations. En cas de camping, impératif de laisser la nourriture dans la voiture.
Se rendre en Alaska :
Vols quotidiens depuis l’Europe pour Anchorage, la capitale économique de l’Etat d’Alaska.
Vols quotidiens depuis Francfort pour Fairbanks, « the Last Frontier ». Vol low-cost avec Condor Airlines.
Les meilleures saisons :
- le mois de juin : les températures sont douces, la lumière est à son maximum, et les moustiques ne sont pas encore sortis
- après mi-août, pour éviter les moustiques, et pour profiter des couleurs de l’été indien et des sensation hivernales
- le mois de janvier, pour les plus courageux, et pour admirer les aurores boréales
Le meilleur moyen de profiter de l’Alaska ?
- Le Truck-Camper est indéniablement le meilleur moyen de parcourir l’Alaska. Grâce à la cellule bien équipée, on peut s’arrêter où l’on veut (aucune interdiction, et de nombreux campements gratuits), et en profiter pour pêcher dans les nombreuses rivières, ou faire de la chasse d’images.
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